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SAUVONS NOS ARBRES ! Association pour la sauvegarde des arbres et des forêts à Genève |
VERS L'ARBRE-FRÈRE AUX JOURS COMPTÉS
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Je crie à ta présence Arbre fragile dans le brouillard Je sais qu'il faut beaucoup d'amour Pour t'approcher Toi qui ressemble à ce qui s'aime |
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Michel Soutter |
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Il a l'air de porter tout le ciel dans ses branches. Il se dresse touffu, secret, vertigineux : Son tronc énorme est bossué d'énormes noeuds ; De vifs surgeons verdoient à son pied centenaire ; Chacun de ses rameaux semble un arbre ordinaire... On le sent respirer, lent, de toutes ses feuilles. |
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Fernand Gregh |
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Une forêt nous précède et nous tient lieu de corps. |
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Jacques Dupin |
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Et un grand Arbre, d'entre les arbres et les plantes obscures, S'enflamme, secouant dans le vent froid du matin Toute une foule de groupes Tout un désordre de détails délicats, De sa masse lumineuse de verdure. |
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Paul Valéry |
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Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché... Sur un tronc nouailleux en cent lieux ébranché : Et bien qu'au premier vent il doive sa ruine, Et maint jeune à 1'entour ait ferme la racine, Du dévot populaire être seul révéré. |
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Joachim du Bellay |
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Moi je voudrais être héros Comme toi, corps dans le brouillard Comme toi, arbre parmi l'ombre Oui, comme toi, forte présence. |
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José Herrera Petere |
II impose sa vie énorme et souveraine... Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans... Il semblait habité par un million d'âmes Qui doucement chantaient en son branchage creux... Et j'appuyais sur lui ma poitrine brutale, Avec un tel amour, une telle ferveur, Que son rythme profond et sa force totale Passaient en moi et pénétraient jusqu'à mon coeur... Et je baisais le tronc noueux, éperdument. |
]'allai vers un arbre vert poussé sur un tertre et m'enlaçai dans les branches merveilleusement heureux. |
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Emile Verhaeren | José Herrera Petere |
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Lui, couronné de paix et de verdure, Lui, jubilant d'oiseaux, lui blanc de fleurs, Lui, nourri de discorde et fort de heurts En qui la lutte élémentaire dure; Le tronc farouche au sommet de sa tour Ourdit ses noeuds, ses fourches, ses détours Et se poussant de rupture en rupture Maintient, victorieux, l'architecture. |
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Lanza del Vasto |
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O mes arbres Mes seuls témoins debout dans la bêtise et dans la cruauté Mes amis verts dans tant de larmes, dans tant d'échecs. |
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Jacques Chessex |
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Ils mettent longtemps à mourir, et ils gardent les morts debout jusqu'à la chute en poussière. Ils se flattent de leurs longues branches, pour s'assurer qu'ils sont tous là, comme des aveugles. Ils gesticulent de colère si le vent s'essouffle à les déraciner. Mais entre eux aucune dispute. Ils ne murmurent que d'accord. Je sens qu'ils doivent être ma vraie famille. J'oublierai vite l'autre. Ces arbres m'adopteront peu à peu, et pour le mériter j'apprends ce qu'il faut savoir : Je sais déjà regarder les nuages qui passent. Je sais aussi rester en place. Et je sais presque me taire. |
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Jules Renard |
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Le destructeur des bois, l'homme au pâle visage. Il aura tant rongé, tari jusqu'à la fin Le monde où pullulait sa race inassouvie, Qu'à ta pleine mamelle où regorge la vie II se cramponnera dans sa soif et sa faim... Entre des murs hideux un fourmillement noir; Plus d'arceaux de feuillage aux profondeurs sublimes. Mais tu pourras dormir, vengée et sans regret, Dans la profonde nuit où tout doit redescendre: Les larmes et le sang arroseront ta cendre, Et tu rejailliras de la nôtre, ô forêt! |
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Leconte de Lisle |
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L'arbre, dans sa verticalité, est le lieu sacré où le ciel s'enracine à la terre... Sa fragilité et sa puissance sont la nôtre... Je ne puis échapper à l'arbre pas plus que je ne puis échapper à moi-même. A l'image de l'arbre, le cosmos se régénère sans cesse... Dans les religions archaïques, il est l'univers. |
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Charles Hirsch |